La Polyneuropathie Familiale Amyloïde

Page mise à jour le 08/10/2014
Auteur : 
Dr. Teresa Maria Antonini, Hépatologue

La polyneuropathie familiale amyloïde (FAP) est une maladie héréditaire autosomique dominante due à la présence dans lorganisme d’une forme mutée d'une protéine appelée transthyrétine ou TTR. Cette protéine est produite par la rétine, les plexus choroïdes et à plus de 90% par le foie.

Plus de 100 mutations différentes sont à ce jour reportées. Ces mutations déterminent un changement dans la conformation de la protéine qui se dépose en une forme anormale dans les tissus et organes. Il s’agit d’une maladie grave dont les symptômes varient selon la localisation des dépôts.

Au plan neurologique, les symptômes peuvent être sensitifs (perte de la sensibilité, douleurs ou paresthésies) ou moteurs (faiblesse des mains et des pieds pouvant aller jusqu’à empêcher la marche).

En cas d’atteinte du système nerveux végétatif, plusieurs troubles peuvent se développer :

  •  troubles cardiaques (cardiopathie infiltrative, des troubles conductifs, dénervation)
  •  troubles gastro-intestinaux (nausées-vomissements, diarrhée-constipation)
  •  troubles urinaires (dysurie ou incontinence)
  •  plus rarement des symptômes rénaux (insuffisance rénale) ou oculaires peuvent survenir.

Le tableau clinique varie d'une mutation à l'autre et l’on distingue classiquement une "forme portugaise précoce" (mutation Val30Met) dont les premiers symptômes surviennent entre 20 et 30 ans, une forme "Val30Met tardive" et des formes secondaires à d'autres types de mutations dont l'âge moyen de début des symptômes est de 50 ans.

Diagnostic et Traitement de la Polyneuropathie amyloïde

Le diagnostic de la maladie se base sur 3 éléments:

  •  la consultation neurologique
  •  le test génétique
  •  la biopsie de nerfs sensitifs ou de glandes salivaires afin de démontrer la présence de dépôts anormaux d’amylose.

Sans traitement, la mort survient environ dix ans après le début des symptômes.

La transplantation hépatique

Jusqu'en 2012, la transplantation hépatique était le seul traitement curatif de cette maladie. Depuis 1993, plus de 200 patients ont été transplantés à l'Hôpital Paul Brousse avec des résultats excellents (survie à 1, 5 et 10 ans de 83%, 73% et 61% respectivement). Dans le cadre d’une atteinte rénale sévère, une double transplantation foie-rein a été réalisée chez 7 patients, et 4 patients présentant une atteinte cardiaque sévère ont bénéficié d’une transplantation foie-cœur.

Depuis 2012 : le Tafamidis

Le Tafamidis révolutionne la prise en charge de la polyneuropathie familiale amyloïde. C'est un médicament qui a été autorisé récemment en France (AMM: Janvier 2012). Il peut être prescrit chez les patients au stade 1 de la neuropathie prouvée histologiquement, à condition que la maladie soit symptomatique (stade 1 = marche sans aide). Il s'agit d'un médicament  dit "stabilisateur de la transthyrétine". Il agit en empêchant le dépôt des protéines mutées. Ce médicament est efficace chez 70% des patients et il est parfaitement toléré; il devra être pris tout au long de la vie.

La Thérapie génique : le traitement d'avenir.

De nouvelles thérapies génétiques utilisant des RNA interférents sont en cours de développement. Contrairement au Tafamidis, ces traitements empêchent la production de la protéine mutée. Ces nouvelles molécules très prometteuses sont en cours de développement et sont en phase 1 de la recherche clinique.