Les Métastases hépatiques des cancers du sein

Page mise à jour le 08/10/2014
Auteur : 
Dr. Bernard Paule, Oncologue

Près de 50% des femmes atteintes d’un cancer du sein développent des métastases distantes du cancer primaire. La survenue de métastases hépatiques est une évolution redoutée, car elle présente un danger vital pour les patientes.

La résection chirurgicale : un traitement efficace

Pour traiter efficacement ces métastases hépatiques, la résection chirurgicale a longtemps été considérée comme inappropriée, mais aujourd’hui, cette démarche thérapeutique est à envisager dans le cadre du traitement multiple de cette maladie. L’absence de mortalité post-opératoire, les résultats sur la survie à long terme doivent faire considérer la chirurgie des métastases hépatiques comme une des composantes du traitement du cancer du sein métastatique.

En effet, les résultats des études rétrospectives publiées depuis 2000 montrent que si la chimiothérapie et/ou l’hormonothérapie peuvent prolonger la survie des patientes traitées pour des métastases hépatiques, le taux de survie 5 ans après le traitement est quasiment nul. A l'inverse, le taux de survie des patientes opérées de leurs métastases hépatiques est de 20 % à 61 % 5 ans après l’opération, avec une médiane de survie de 25 % à 63%.

Les conditions du traitement chirurgical

La résection chirurgicale des métastases hépatiques n’est envisageable que dans certaines conditions.

1. Résécabilité complète

La taille et le positionnement des métastases doivent permettre une exérèse complète des tumeurs et d’une marge en périphérie de chaque tumeur. Cette marge est nécessaire pour que la totalité des cellules cancéreuses soit enlevée.
Après opération, une analyse histologique de la pièce réséquée est effectuée. Si la marge de résection est insuffisante, on constate généralement qu’elle est envahie de cellules cancéreuses dans toute sa largeur - on parle alors de résection R2. Il est alors probable que certaines cellules cancéreuses périphériques à la tumeur n’ont pas été enlevées, et le pronostic est généralement plus mauvais.

Coupes histologiques en couleur montrant la limite de résection d'une métastase hépatique de cancer du sein.

2. Absence de métastase extra-hépatique

La résection hépatique n’est envisagée qu'en l'absence de métastase extrahépatique, ou si le développement de ces métastases est contrôlé par une chimiothérapie ou une hormonothérapie.

3. Qualité de la réponse à la chimiothérapie

Dès le diagnostic de métastase hépatique, une chimiothérapie est mise en œuvre afin de limiter le développement de la maladie métastatique. Il est parfois nécessaire d’effectuer plusieurs traitements différents avant d’obtenir une stabilisation ou régression des métastases. Le traitement chirurgical est envisageable lorsque la chimiothérapie se montre efficace et que la maladie métastatique est en régression.

4. Etat général conservé

Enfin, la résection chirurgicale des métastases hépatiques est une intervention assez lourde, qui nécessite plusieurs jours d’hospitalisation : elle nécessite que les patientes soient globalement bien portantes.

Après le traitement chirurgical

Après la résection, les tissus réséqués sont analysés. Une chimiothérapie adjuvante tenant compte des phénotypes tumoraux est mise en place immédiatement après la chirurgie, pour une durée de 6 mois.

La patiente sort généralement de l’hôpital après quelques jours ; elle reste suivie par l’équipe qui a pris en charge ces métastases hépatiques tout au long de la chimiothérapie.

Perspectives

La recherche sur le cancer du sein est très active ; l’intégration de nouvelles classifications moléculaires et de prédicteurs génomiques permettront prochainement de définir le pronostic à long terme des cancers du sein. Ces éléments justifieront des traitements plus ciblés et plus agressifs comme la chirurgie des métastases résiduelles et en particulier des métastases hépatiques.

Référence

Adam R, Aloia T, Krissat J, Bralet MP, Paule B, Giacchetti S, Delvart V, Azoulay D, Bismuth H, Castaing D. Is liver resection justified for patients with hepatic metastases from breast cancer? Ann Surg. 2006 Dec; 244(6):897-907.