L'Hépatite Virale E

Page mise à jour le 02/12/2016
Auteur : 
Dr. Eleonora de Martin, Dr. Audrey Coilly, Hépatologues
L’hépatite causée par le virus de l'hépatite E (VHE) a été décrite pour la première fois en 1983. Comme pour d’autres virus des hépatites, la cible du VHE est l’hépatocyte. Sa multiplication dans les cellules du foie entraine leur destruction et mène à une hépatite aiguë dont la sévérité est très variable.

Deux catégories d'Hépatite E

Il existe deux catégories d’infections avec différents génotypes. Dans les pays en voie de développement, les virus de l'Hépatite E de génotypes 1 et 2 (VHE 1 et VHE 2), essentiellement présents dans le sud-est asiatique, ont une transmission oro-fécale, habituellement par l’eau contaminée.

Dans les pays développés, les virus de l'hépatite E de génotypes 3 et 4 (VHE 3 et VHE 4) sont transmis par les animaux, souvent par la consommation de viandes contaminées (porc en particulier). Quelques cas de transmission par le sang lors de transfusion ont été décrits.

Diagnostic

Les VHE 1 et 2 ont un période d’incubation de 2 à 6 semaines. Les symptômes de cette infection sont : fièvre, douleur abdominale, vomissement, anorexie. L’ictère est présent chez 40 % des patients. Généralement, la maladie guérit spontanément mais des formes graves voire mortelles sont décrites chez les patients ayant une maladie hépatique chronique et les femmes enceintes.

Les symptômes du VHE 3 et 4 sont identiques à ceux du VHE 1 et VHE 2. Cependant dans la majorité des cas, l’infection passe inaperçue et guérit spontanément. Là encore, le pronostic peut-être sévère pour les patients ayant une maladie hépatique chronique sous jacente ou les patients immunodéprimées qui peuvent développer une infection chronique. Comme toute infection chronique du foie, elle peut conduire à une fibrose importante voire une cirrhose, gênant le foie dans son fonctionnement, en l’absence de traitement.

Le diagnostic d’infection aiguë repose sur la sérologie (présence d’anticorps fabriqués en présence du virus) et surtout la présence d’anticorps dits IgM anti-VHE. On peut également détecter la présence du virus par son matériel génétique dans le sang ou les selles (ARN du VHE) mais ce test se négative environ 3 semaines après le début de l’infection. Cependant, chez les patients immunodéprimés (transplantés, VIH, traités par chimiothérapie…), ce test doit être systématiquement demandé car bien souvent la sérologie est négative même en présence du virus. L’infection est considérée comme chronique si l’ARN reste détectable 3 mois après l’infection.

Traitement

Il n’y a pas de traitement pour l’hépatite E aiguë qui guérit seule dans la très grande majorité des cas.

En cas d’infection chronique des patients immunodéprimés, la première mesure est de réduire cette immunosuppression. C’est le plus souvent possible chez les patients transplantés en diminuant les traitements anti-rejet. Cela permet la guérison dans un tiers des cas.

Dans le cas contraire, l’administration de ribavirine en monothérapie pendant 3 mois est actuellement le traitement de choix. Le traitement doit être fait dans des centres spécialisés qui sont capables de gérer les effets secondaires de la ribavirine. Le traitement peut être prolongé à 6 mois, si la négativation du virus n’est pas obtenue pendant les premiers 3 mois, et les patients rechuteurs peuvent être retraités avec succès.

Prévention

Il n’y a pas de vaccin contre l'hépatite E commercialisé à l’heure actuelle mais différentes études sont en cours. Pour l’instant, la seule mesure préventive est de limiter l’exposition au virus: dans les pays en voie de développement en fournissant de l’eau potable, et dans les pays développés, en évitant les consommations de viandes crues (de porc en particulier) chez les patients suivis pour une maladie chronique du foie ou immunodéprimés.

Bibliographie

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